On dit qu'il n'y a rien de plus ordinaire que de vouloir être extraordinaire. Est-ce alors, si original, si dérangeant, de vouloir être comme tout le monde, de vouloir se fondre dans la masse des gens communs ? Je voulais être normale. Rien de plus. Je donnerais beaucoup pour redevenir humaine. Je donnerais tout. La vie n'est plus aussi précieuse lorsque l'on a l'éternité pour nous. Au lycée j'entendais la plupart de mes élèves parler de vampires, loups-garous et autres créatures surnaturelles. Ce siècle était rempli de séries télévisés, romans et films parlant de notre espèce. Parlant de nous. De ce que j'étais. De moi. Je ne comprenais pas ce qui en nous attirait tant ces adolescents plein de vie. D'après ce que je pouvais capter des brides de conversations, la majorité d'entre eux souhaitaient rencontrer de véritables surnaturels, certains voulaient même être transformés. Ils ne savaient pas de quoi ils parlaient. Je secouaient la tête. Comment pouvaient-ils demander une telle chose ? Une explication se dégager cependant. Tous les scénaristes et auteurs ne montraient que des aspects positifs de notre condition. La vitesse extrême, l'ouïe et la vue sur-développées, la peau parfaite et parfois le pouvoir de contrôler les autres. Tout cela pouvait donner des vocations de "super-héro" à des adolescents en manque de repères... Mais ils oubliaient tous les points négatifs ; vivre caché, se méfier de tout et tout le monde, la douleur provoquée par la transformation, voir ses proches mourir avant soi et le plus dure de tous : la nourriture. Les élèves ne se rendent pas compte à quel point se nourrir de sang est quelque chose d'horrible, de monstrueux. Bien sûr en tant que vampire, le sang était pour moi la meilleure saveur que je pouvais avoir dans la bouche. Le sang chaud prélevé directement sur les humains était le meilleur mais il entraînait avec lui une immense culpabilité...
En parlant de nourriture, je me sentais faiblir, il était tant que je boive une nouvelle poche de sang. Je me dirigeais jusqu'à ma cuisine et ouvris mon réfrigérateur. Il était vide. Je n'étais pas retourné à l'hôpital depuis longtemps à cause de mes différents avec Aurore. J'étais donc condamnée à aller chasser. J'enfilais un vieux jogging et me mis en route en direction de la forêt. Après quelques minutes de marche, je repérais un lapin. Je n'aimais devoir tuer de cette manière un innocente créature, mais je n'avais pas le choix. Je me préparais à l'attraper lorsqu'une femme sortit de nulle part et lui sauta dessus. Une femme ou plutôt une vampire. Et elle venait de me volait ma nourriture ! Je n'aimais pas aller chasser mais si une autre vampire venait me volait ma nourriture cela n'allait pas aller... Je ne savais pas quoi faire. Instinctivement je me mis à suivre cette femme de la même espèce que moi. Je n'avais pas vu beaucoup de vampire à Fearwood et celle-là avait l'air beaucoup plus agile que moi. Je marchais donc sur cest traces me demandant si elle allait encore chasser longtemps...

Je suivis la jeune femme pendant quelques minutes. Elle était au moins aussi grande que moi, sa peau était pâle et laiteuse comme la mienne. Si je ne l’avais pas vu croquer ce petit lapin quelques instants plutôt, cela m’aurait sûrement aidé à comprendre ce qu’elle était réellement. De là où je me tenais, je voyais sa longue chevelure couleur châtain bougeait à chaque pas qu’elle faisait. Elle semblait être une jolie femme.
C’était étrange car la vampire prenait son temps pour se déplacer. Elle n’utilisait pas toutes les possibilités, toute la puissance qui nous étaient octroyés lors de notre en transformation. Je gardais tout de même une certaine distance entre elle et moi. Je ne souhaitais pas me faire repérer. Elle s’arrêta une première fois. Je ne compris pas pourquoi jusqu’à ce que la femme empoigne un écureuil. Elle mordit dans ce petit animal comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Je savais pertinemment que j’étais moi aussi, tout comme elle, réduite à me nourrir d’animaux chassés, mais cela me faisait toujours un peu mal cœur. Pas autant que lorsque le sang provenait d’un humain évidemment. Mais je faisais tout pour que cela n’arrive plus. Jamais.
Je suivis la jeune vampire qui s’était remise en marche, sans doute à la recherche d’une nouvelle proie. Elle s’arrête alors pour la seconde fois. Je ne voyais aucun animal. Tandis que je me plongeais dans mes réflexions, la jeune femme disparut de mon champ de vision. M’avait-elle repérée ?
- Pourquoi me suivez-vous ?
La voix derrière moi me donna la réponse. Je me retournais et levais les mains pour lui faire face et lui montrer que je ne lui voulais aucun mal.
- Je.. euh.. Je ne sais pas, avouais-je, Vous vous êtes trouvé devant moi et je n’ai pas réfléchi.
Je préférais être honnête avec elle, de toute façon je n’avais rien à cacher, elle devait déjà savoir, ou le saurait bien assez vite que j’étais, comme elle, une vampire.