Nous marchions tous dans la même direction. Je ne savais pas où nous allions. C’était comme si je venais de me réveiller, de reprendre conscience après une très longue période de sommeil. J’étais perdue. J’aurais voulu m’arrêter, appeler au secours, prendre quelqu’un par les épaules et le secouer en lui demandant ce qu’il se passait. Mais mes jambes ne m’obéissaient pas et je continuais simplement d’avancer.
         Il faisait sombre, le soleil ne s’était sans doute pas encore levé. Je regardais autour de moi, à la recherche d’une tête familière, mais avec l’obscurité qui régnait, il m’était impossible de distinguer les visages. Je n’arrivais même pas à dire si la personne à quatre mètres de moi était une fille ou un garçon.
         Au bout de quelques minutes, un grand bâtiment apparut devant nous. C’était étonnant, j’aurais pensé qu’un tel édifice se verrait à des kilomètres, mais depuis que je m’étais « réveillée », je n’avais vu que des gens marcher dans le désert. Cette structure était comme sortie de nulle part. Lorsque nous fûmes relativement près de celle-ci, une lumière m’aveugla. Je plissais à peine les yeux n’osant pas mettre ma main devant mon visage car personne ne le faisait. Je voulais être comme tout le monde. Après mes yeux, ce fut mes oreilles que l’on tortura. Un sifflement aigu et continu sortait de haut-parleurs invisibles. Il fut vite remplacé par la voix grinçante d’une femme.
         - Bienvenue au CRESLA. Vous avez la chance d’avoir était choisis pour le Test.
Elle marqua une pause. Je me demandais si j’étais la seule adolescente à avoir conscience de ce qu’il se passait.
         - A partir de maintenant, tous vos mouvements seront surveillés et analysés. Seuls les meilleurs d’entre vous seront sélectionnés pour la Phase Suivante.
« Le Test », « la Phase Suivante », mais enfin de quoi parlait-elle ? J’étais tellement absorbée dans mes pensées pour essayer de comprendre ce qu’il se passait, que je faillis ne pas remarquer que la foule s’était remise en marche. Toutes les filles convergeaient vers la porte de droite tandis que les garçons allaient à gauche. Deux files indiennes s’étaient formées devant chaque entrée. Je ne me retournais pas, mais j’avais l’impression d’être à peu près au milieu de la mienne.
         Les grosses portes de fer s’ouvrirent enfin sur des gens casqués et entièrement vêtus de blanc, baignant dans une étrange lumière bleu. Tandis qu’ils emmenaient les dix premières filles à l’intérieur ; j’osais jeter un œil du côté des garçons. Tout semblait se passer comme pour nous. Je m’apprêtais à reprendre ma position initiale lorsque je remarquai qu’un des garçons ne faisait pas la même chose que les autres. Au lieu de regarder devant lui et de se tenir droit comme eux, il laissait ses yeux se balader un peu partout. Il semblait perdu… Au moins autant que moi. Je continuais de la regarder fixement. Pour une raison qui m’échapper, je voulais graver son visage dans ma mémoire, je voulais me souvenir de lui même après… Après ce qui allait se passer ; bien que je ne sache pas encore ce que c’était.
         Soudain un hurlement affreux me tira hors de ma contemplation. Il venait de l’intérieur du bâtiment. Des hommes en blanc se précipitèrent alors dans cette direction. Les filles devant moi ne bougèrent pas, pas même un battement de cils ; comme si elles n’entendaient rien. Celle à l’intérieur du bâtiment continuait de crier. Je réussis à comprendre certains mots qui étaient brefs : « Non » « Veux pas » « Laissez-moi ». Puis plus rien. Plus un cri, plus un chuchotement. Nous étions revenus au morne silence de la marche.
         Ce bâtiment ne semblait pas très accueillant et les cris de l’adolescente suivis d’un silence de mort ne me rassuraient pas énormément. J’étais à la fois curieuse de savoir ce qu’il se passait quand on entrait et anxieuse pour la même raison.
         Finalement, ce fut mon tour. Un homme en blanc nous conduisit, moi et neuf autres filles, jusque dans une grande salle aux allures de salle d’attente d’hôpital ; avant de nous dispatcher dans chacun des dix blocs présents.
         J’entrais donc dans ce petit espace carré, séparé du reste par des paravents. Une femme, habillée de blanc elle aussi, me conduisit jusqu’à un fauteuil qui ressemblait à celui d’un dentiste. Je voyais la femme s’affairer et prendre des boîtes dans le meuble à ma droite tandis que j’attendais, une boule au ventre. Quand elle se tourna enfin vers moi, ce que tenait la femme dans les mains me fit peur. Une seringue. Remplie d’un liquide verdâtre. Je comprenais désormais pourquoi la fille avait hurlé, et je me retins de faire la même chose. Elle était sûrement « éveillée », comme moi, lorsqu’on a voulut lui enfoncer cette piqûre dans le bras. J’étais vraiment désolée pour elle, mais je n’avais aucune envie de savoir ce qui lui était arrivé ensuite. Je serrais donc les dents, en restant le plus stoïque possible, tandis que la femme, s’apparentant un peu à une infirmière, enfonça profondément l’aiguille dans mon bras droit, qu’elle avait au préalable désinfecté. Elle appuya ensuite sur le haut de la seringue, sans compassion ni aucun regard pour moi. Le liquide verdâtre s’écoula lentement. Je crus qu’une fois l’injection faîte, je ressentirais une vive douleur dans le bras ; mais ce ne fut pas le cas. Il y eut juste un petit picotement, d’abord localisé, qui se répandit dans tout mon corps, me procurant, étrangement, une sensation de bien-être.
         L’homme en blanc réapparut sur le seuil du bloc. Enfin il était difficile de savoir s’il s’agissait toujours de celui qui m’avait emmenée ici, car tous les hommes habillés de blancs étaient casqués et avaient la même carrure. Je me demandais s’il en était de même pour les femmes. Etant donné que je supposais que toutes les filles subissaient la même chose, est-ce que les dix « infirmières » présente avaient le même visage ?
         Tandis que je résonnais, l’Homme-en-blanc avait récupéré les autres filles et nous avait conduits à travers un dédale de couloir. Même si j’avais voulus me souvenir du chemin que nous avions emprunté, j’en aurais été incapable. Nous avons dû tourner une bonne quinzaine de fois et emprunté trois fois des escaliers (deux fois en montant et une fois en descendant). Parfois, j’avais même l’impression que nous tournions en rond ou que nous rebroussions chemin. Au bout d’une grosse dizaine de minutes, je sentis une courant d’air frais glisser sur ma peau. Nous tournâmes encore une fois. Une porte apparut au bout du couloir. Elle était grande ouverte et le vent s’engouffrait à l’intérieur.
         Arrivés au seuil de celle-ci, l’Homme-en-blanc s’arrêta, mais les filles continuèrent. Je les suivis aveuglément. Nous nous plaçâmes en ligne, derrière les premiers groupes de filles. Puis, d’autres groupes sortirent du bâtiment et vinrent se placer derrière nous, et ainsi de suite. Nous attendions sûrement quelque chose. Quoi ? Je n’en savais rien. Le temps me paraissait long.
         Je tournais discrètement la tête à gauche pour voir ce qu’il se passait. Les garçons s’alignaient par groupe de dix, les uns derrière les autres ; exactement de la même façon que la nôtre. Je fus presque surprise en les voyant, car depuis mon entrée dans le bâtiment et jusqu’à cette instant, je les avais complètement oubliés !
         J’allais me remettre droite, face à la structure, lorsque mon regard croisa celui du garçon-qui-laissait-ses-yeux-se-balader. Cette fois j’en étais sûre, c’était moi qu’il regardait. Nous nous sommes fixés ainsi pendant quelques minutes. Il venait de se rendre compte que moi aussi j’étais « éveillée ». Il bougea ensuite très légèrement la main, de manière presque imperceptible. Ces doigts m’indiquaient un garçon qui se tenait devant lui un peu plus à droite. Je me mis à l’observer. Il était un peu plus grand que les autres, il avait les cheveux blonds et relativement longs pour un garçon. En effet, ses cheveux ondulés lui tombaient en cascade sur ses épaules, qu’il avait d’ailleurs assez carrées. Il était plutôt musclé et avait le teint hâlé, comme s’il venait de passer un été à la plage. Une fois que j’eu finis de le détailler, je me fis la réflexion qu’il ressemblait à un surfeur. Du moins à ceux que l’on voit dans les films et les magazines. Mis à part cela rien ne semblait le différencier. Il était aussi stoïque que les autres et bien que je ne puisse pas voir son visage de là où je me trouvais, j’avais l’impression que celui-ci était aussi endormi et dénué d’expression que ceux des autres personnes qui m’entouraient.
         Je reportais mon attention sur le garçon-qui-laissait-ses-yeux-se-balader pour essayer de comprendre pourquoi il m’avait désignait le surfeur. Cependant, il était de nouveau face au bâtiment, immobile, comme les autres adolescents. Il allait donc me laissait ainsi sans explication, sans un mot, un geste, un signe ou même un regard… Peut-être ne m’avait-il jamais regardé, peut-être avais-je tout inventé…
         Alors que je me tourné de manière à être de nouveau face au bâtiment, un sifflement aigu sortit des haut-parleurs, le même que lorsque nous étions à l’entrée de l’édifice. J’étais sûr que la femme à la voix grinçante aller parler et je ne me trompais pas.
         - Vous avez tous reçu une injection du Sérum. (On pouvait entendre de la fierté dans sa voix) C’est grâce à lui que nous pourrons étudier la moindre de vos réactions, et ainsi décider lesquels d’entre vous participeront à la Phase Suivantes et lesquels devront malheureusement nous quitter.
Son discours n’était pas plus clair que précédemment. Je ne savais toujours pas à quoi la « Phase Suivante » correspondait, ni ce qu’elle entendait par « nous quitter »… Elle ne parlait quand même pas de tuer quelqu’un ?! Et ce fameux « Sérum », une injection pouvait-elle réellement servir de capteur où je ne sais quoi du même genre ?
Finalement la femme reprit :
         - Vous rencontrerez des obstacles qui peuvent être d’origines aussi diverses qu’il y a d’étoiles dans l’univers. Vos agissements face à eux détermineront votre futur. (Nouvelle pause. Je ne comprenais toujours rien.) Bonne chance à tous. Furent les dernières paroles de la femme.
Je ne savais que penser de tout ce qui venait de ce passé. Je tentais de donner un sens à ces paroles qui n’avaient pour moi ni queue ni tête…
         Un choc sourd se fit entendre. Devant moi, une jeune fille venait de tomber à la renverse. Elle était étendue sur le sol et personne ne lui venait en aide. Mais pourquoi aucune des « infirmières » ne sortaient du bâtiment pour venir la sauver ? Elles nous avaient bien injectés un sérum qui étaient sensés avoir des « pouvoirs » extraordinaire. Elles auraient donc sûrement un sérum qui pourrait aider ses pauvres filles ! Un nouveau choc sourd résonna. Une fille à ma droite était tombée par terre. Troisième choc. A ma gauche cette fois. Le Surfeur gisait sur le sol. Encore un choc, derrière moi. Un autre à droite. Un garçon au premier rang venait de s’évanouir. Puis une autre fille. Je connaissais à paniquer. Les adolescents tombaient un à un, comme des mouches.
         Mon regard se tourna instinctivement vers le garçon-qui-laissait-ses-yeux-se-balader. Apparemment il avait eu la même idée que moi. Je l’interrogeais silencieusement, mais je n’arrivais pas à déchiffrer son regard. Ses yeux exprimaient-ils de l’incompréhension ? De la peur ? Ou bien savait-il quelque chose que j’ignorais Mon cerveau surchauffait, mes pensées devenaient irrationnelles et le monde se mit à tourner autour de moi. Je sentais que cela allait être mon tour, que j’allais m’évanouir. Je fixais intensément le visage du garçon. Je devais me souvenir de lui. De ses chevaux aussi noirs que la nuit et juste assez long pour être en bataille au sommet de sa tête ; de son visage ovale aux traits fins, presque féminins, de ses yeux, dont je ne pouvais déterminer la couleur dans cette obscurité, mais qui semblait d’une profondeur infinie, de sa bouche rose avec ses lèvres qui bougeaient. Ses lèvres bougeaient ?! Essayait-il de me dire quelque chose ? Je n’allais pas tenir très longtemps. Je me sentais partir. Il fallait que je me concentre sur le garçon, sur ces lèvres, sur ce qu’il disait. Je réussis à discerner un mot « retrouvera » et un nom avant de tomber dans les pommes, je crois qu’il s’appelait Eloan Doherty.

        Je me réveillai en sursaut, haletante et pleine de sueur. Un rayon de lumière filtrait à travers les volets. Un coup d’œil me suffit pour constater que j’étais bien chez moi, dans ma chambre, dans mon lit douillet. Tout cela n’avait donc été qu’un rêve ! La marche, le bâtiment, les hommes et les femmes en blanc, l’injection verdâtre, le discours incompréhensible ; rien de tout cela n’était réel. Et le garçon… Son visage me revint en mémoire. Il était flou, comme un souvenir lointain. J’attrapai instinctivement un papier et un crayon et je notai son nom. Eloan Doherty. Je restais ainsi, pendant une petite dizaine de minute, à fixer le nom que je venais d’écrire sur ce bout de papier. Comme s’il était magique, comme si d’un seul coup, le garçon de mes rêves allait apparaître.
         C’est ma mère qui me rappela à la réalité.
         - Laëlie ! Tu vas encore être en retard !
Je tournai la tête vers mon réveil : sept heures trente. Il ne me restait plus que dix minutes pour me préparer ! Je sortis de mon lit et ouvrit mon placard à toute vitesse. Je piochais au hasard un tee-shirt, un jean et des sous-vêtements que j’emportais avec moi dans la salle de bain. Je m’habillai en quatrième vitesse, me passai un coup d’eau sur le visage et un coup de brosse dans les cheveux. Pas le temps pour faire un truc plus sophistiqué ni pour le maquillage. Je descendis en trombe et enfilai mes baskets sans même faire les lacets. Je m’apprêtais à ouvrir la porte quand ma mère me stoppa.
         - On ne part pas le ventre vide –en retard ou pas ! Et on fait ses lacets ! Ajouta-t-elle en désignant mes chaussures.
Le temps que je me baisse pour nouer correctement mes chaussures, ma mère glissa un paquet de gâteau dans mon sac. Je lui fis un bisou sur la joue en guise de remerciement et partis en courant.
         Heureusement pour moi, le lycée n’était pas loin. En marchant, je mettais en moyenne une quinzaine de minutes pour y aller. Un regard rapide à ma montre m’indiqua que je n’en avais que cinq cette fois. Je devrais donc courir tout le long du trajet.
         Dans la rue, je croisais pas mal de voitures, sûrement des gens allant au travail, mais aucun adolescent. Evidemment, ils étaient déjà tous au lycée. J’augmentais encore ma vitesse en voyant l’établissement se dresser devant moi. La grille n’était pas encore fermée. J’avais une chance d’arriver avant que mes camarades ne soient dans la classe.
         J’entrais, toujours au pas de course dans le bâtiment. Dans quelle salle avais-je cours ? On était lundi, ma première heure était donc remplie par les mathématiques. Je devais donc avoir cours au deuxième étage, mais où exactement. Un jour, il faudrait vraiment que j’apprenne mon emploi du temps.
         Perdue dans mes pensées, je ne vis le jeune homme qui arrivait devant moi. Je le bousculai de plain fouet. Dans la force du choc, je perdis l’équilibre et manquai de tomber en arrière. L’adolescent lâcha les papiers qu’il tenait dans les mains et tendit celles-ci pour attraper mes avant-bras et me ramener vers lui. Je basculai en avant et ma tête se retrouva collée contre son torse. Je levai les yeux pour voir qui m’avait ainsi attrapée, et je plongeai dans les siens. Ils étaient magnifiques ! Très lumineux, entre le bleu et le vert et ils semblaient révéler quelque chose de tellement intense… Je dus le fixer ainsi près d’une minute avant de me rendre compte de mon impolitesse. Mes joues s’empourprèrent, je me décollai immédiatement de lui. Je me baissai pour ramasser ses feuilles tout en bafouillant des excuses. Je n’osais plus le regarder. Je lui tendis ce qu’il avait fait tomber et lorsqu’il eut pris les feuilles, je repartis en courant sans un mot de plus ?
        Mes camarades venaient d’entrer quand j’arrivai devant la salle. A côté de la porte, le professeur me dit :
        - Une minute de plus et je vous mettez en retard Laëlie.
        - Excusez-moi, répondis-je essouflée.
J’allais ensuite m’installer à ma place, à côté de Mélisande, ma meilleure amie.
         - Bien dormis ? me demanda-t-elle un sourire aux lèvres. Tu sais bien que M. Turpin n’est pas commode, t’aurais pus te lever plus tôt quand même !
         - J’ai fais un rêve super bizarre, lui chuchotais-je en guise de réponse.
         Je lui racontais alors tout ce que j’avais cru réel. De la marche à l’injection en passant par le discours sans queue ni tête de la voix grinçante. Je finis par le garçon. Je commençais par une description physique, voulant ensuite lui parler du fait qu’il m’avait désigné quelqu’un d’autre : le Surfeur. Mais Mélisande m’interrompit dès que j’eus finis ma description.
         - Tu as rêvé du nouveau quoi…
         Elle désigna un adolescent qui se trouvait à côté de M. Turpin. Je le regardais. Elle avait raison, c’était bien lui. Le même visage ovale aux traits fins, les mêmes cheveux noirs décoiffés, la même bouche, le même nez, les mêmes yeux profonds, intenses et… lumineux ! Le nouveau était à la fois le garçon de mon rêve et celui que j’avais bousculé. Je lâchai un « Oh ! » de surprise et d’exclamation.
         J’entendis le professeur me sermonner, mais j’étais trop absorbée par la contemplation du jeune homme pour comprendre quoi que ce soit. Lui aussi me dévisageait. Je lisais dans ses yeux qu’il m’avait reconnue. Ils reconnaissaient la fille maladroite qui l’avait bousculé quelques minutes auparavant, il était évident qu’il ne pouvait pas se rappeler de moi depuis mon rêve. Rêver à plusieurs était impossible. Et puis je ne le connaissais pas, pourquoi aurais-je rêvé « avec » lui ? Pourquoi ais-je rêvé de lui ?
         Méli me donna un coup de coude pour me ramener à la réalité. Je bredouillais des excuses pour que le prof me lâche et je me tus pour écouter la présentation qu’il faisait de ce nouvel élève.
         - Je disais donc, avant que Laëlie ne m’interrompe (regard noir dans ma direction), voici Eloan Doherty, il vient de…
         Je n’écoutais déjà plus. Comment était-ce possible ? Ce garçon n’était pas seulement la copie conforme de celui de mon rêve, il portait également le même nom ! Je sortis le papier que j’avais fourré dans la poche de mon jean avant de partir. En voyant le nom sur la feuille, Mélisande m’interrogea du regard. Mais je n’avais aucune réponse à lui donner…
         Avais-je rêvé du futur ? Non. C’était impossible. Mais alors pourquoi avais-je rêvé de lui ? Comment connaissais-je son nom ? Tous les adolescents qui étaient présents avec nous, étaient-ils réels ? Tant de questions qui restaient sans réponse…
         Le reste de la journée me parut extrêmement long. Je n’avais plus que le garçon, Eloan, en tête mais je n’osais même pas le regarder. D’après ce que j’entendais, il se mêlait plutôt bien au reste de la classe. Méli ne cessait de me pousser vers lui. Elle disait que j’avais rêvé de lui parce que c’était mon âme sœur. Je la laissais dire tout en évitant au maximum de me retrouver avec Eloan. La journée se termina sans autre évènement particulier ce qui me soulagea.